Cabales Serrada Eskrima
Extrait du livre « Filipino Martial Culture »
À Stockton en Californie, le grand maitre Angel Cabales avec ses étudiants Max Sarmiento et Dontoy Revillar ont ouvert les portes de la première école d'escrime Philippine en 1966.
Angel Cabales était incontestablement l'un des plus grands escrimadors de tous les temps.
Il comptait parmi ses élèves Dan Inosanto, Richard Bustillo, le champion du monde de boxe Graciela Casillas et l'auteur de film d'arts martiaux Leo Fong.
L'apprentissage de système Serrada Cabales leur a permis de développer leur art à travers leur individualité et de joindre leurs efforts.
Dan Inosanto, dans son livre «The filipino martial art », écrit sur Cabales: "Je sens que maitre Cabales, plus que n'importe quel autre, est responsable de l'émergence de l'escrima aux États-Unis. Les 12 angles d'attaques et de défenses de son système occupent une place importante dans les bases de ma pratique. Je le considère comme étant l'un des plus habiles avec le bâton de 53-60cm et il est très adepte du combat rapproché. C'est un vrai maître de l'art physique et un homme avec une abondance de connaissances."
Le système Serrada Cabales a évolué en passant par le style "escrima Cuerdas" de Felicissimo Dizon en se concentrant sur les 4 secteurs suivants: Le bâton simple, le système hubbud (les mains vides), l'espada y daga et le couteau simple.
Le système Cuerdas a été développé à Cebu aux Philippines dans les années 1800.
Il a été perpétué par le légendaire Felicissimo Dizon.
Dizon était un maitre des systèmes Serrada et largo et un adepte du Hilot. Il a été remarqué lors des combats organisés à Manille.
Dizon disait de lui n'avoir jamais tourné le dos à un combat et il était le plus jeune admis dans l'association Dolce Pares.
Chaque préposé au titre de membre de cette association devait passer deux tests.
Ces deux tests se déroulaient respectivement dans un tunnel.
Dans le premier tunnel, il était question pour chaque candidat de traverser un mur de bâtons qui les frappait à leur passage. Dans le second tunnel, cette fois le mur était habillé de lames d’aciers bien aiguisées. Le sol ainsi que les murs étaient recouvert d'insectes dont on disait qu'ils étaient venimeux.
Felicissimo Dizon était le premier à avoir traversé ces épreuves en échappant aux blessures ainsi qu'à la mort. Vu son habilité à passer ces tests, les tunnels sont maintenant connus sous le nom de "Cuerdas tunnel" en l'honneur de Felicissimo Dizon.
Felicissimo Dizon était l'associé du capitaine de l'armée philippine, Villacente. Pour que le style Cuerdas soit reconnu par le capitaine Villacente, Felicissimo Dizon devait contrer les attaques de Villacente sans frapper ce dernier. Pour prouver son efficacité, Felicissimo Dizon avait le dos tourné au début du combat. Il a réussi à contrer l'attaque du capitaine et depuis le système Cuerdas est reconnu aux seins des armées philippines.
Angel Cabales est né le 4 octobre 1917. Au début de son adolescence, Angel Cabales était un concurrent avide de boxe et de lutte. Bien que Angel Cabales avait entendu parlé des capacités de Dizon en escrime, il était convaincu que les arts occidentaux, comme la boxe, étaient les réponses pour ses besoins physiques.
"Une fois que je suis monté sur le ring pour combattre ce grand gars ", se souvient Angel Cabales, " je lui ai dit de me frapper fort. Mais quand il m'a frappé sur le menton, je sentais la douleur dans mon dos et le cou. De là, j'ai quitté la boxe et me suis mis à l'escrima"
À l'âge de quinze ans, Angel Cabales est devenu un étudiant du maitre Felicissimo Dizon. À cette époque, Dizon ne croyait pas à l'enseignement pour un grand nombre d'étudiants. Au contraire, il enseignait seulement aux membres de son gang d'escrimador. Angel Cabales est devenu un membre à travers la recommandation de son ami qui était également membre. Angel Cabales se rappelle que l'entrainement aux philippines était très dur: "nous frappions durement, mais toujours avec contrôle". Le contrôle, la coordination et les réflexes sont la marque du système Cuerda escrima de Felicissimo Dizon et, par conséquent, ceux du système Cabales.
Il n'était jamais admis, au court de cet apprentissage, que le plus fort ne se défoule sur les plus faibles. L'attention était portée sur le contrôle et le flow.
Bien que la formation de Cabales ait été faite dans un environnement contrôlé, il ne fut pas moins dangereux. Il devait s'entrainer avec l'intention d'utiliser ses compétences pour des confrontations réelles qui auraient inévitablement pu surgir à tout moment. Chaque fois qu'un style mettait en doute l'efficacité du style de Felicissimo Dizon, Cabales devait combattre.
En fait, Cabales pendant son temps aux Philippines, s'est battu contre les pratiquants des systèmes "Abaniko, Kabaroan, Pampangan, Tagalog et Sinawali".
Il attribue ses résultats positifs au fait que ses techniques serrada (à courte portée) lui ont permis de contrer avec succès les mouvements largo mano (longue portée). "J'ai pu contrer la plupart des styles de grandes portées parce que Dizon nous a également enseigné cette méthode", se souvient Cabales. "De cette façon nous savons comment contrer".
Angel cabales était un homme qui aimait se battre dans des duels pouvant aller jusqu’à la mort de l’un des combattants. Bien qu’expert dans le style De Cuerda , Angel Cabales avait compris que le point faible de ce système était le manque de structure et que par conséquent, il lui était très difficile de perpétuer ses connaissances.
Au fur et à mesure du temps, il voulut porter cet art guerrier philippin à l'attention du public pour le bénéfice de tous et a donc commencé à faire quelques changements.
Le cours original d'instruction de Cabales était basé sur des armes et ne soulignait pas l'utilisation du système mains nues pour l'auto défense. Priorité d’enseignement tout à fait normal aux Philippines. En effet, l’enseignement des arts martiaux philippins commence habituellement par les armes, partant sur le principe que la plupart des villageois sont au moins équipés d'une machette. Contrairement aux USA, où être en possession d’une arme dans les rues est quelque chose d’illégale.
Prenant cette information en compte, Angel Cabales développa un système de mains nues pour compléter son art. Comme l’art du mains nues qui a été enseigné à Cabales par Dizon se limitait à des techniques de désarmement, Angel Cabales, soucieux de ne pas emprunter le style d’un autre système pour son propre style, adapta les techniques de désarmement en y intégrant des techniques de clef et de balayage.
Cette évolution a ajouté une autre dimension au système Cabales Serrada, sans altérer sa structure technique et a rendu l'art acceptable et approprié au public américain.
En 1966, Angel cabales a ouvert les portes de « l'académie escrima cabales » et a formé le « Cabales Escrima Academy Association of America » à Stockton en Californie.
Au fil des années, Angel Cabales a continué à faire évoluer son système, ce qui lui a valu d’être reconnu et respecter dans le monde des arts martiaux.
Il existe, au sein du système Cabales Serrada, deux méthodes générales d’enseignement.
La première méthode consiste à enseigner à l’'élève trois défenses basiques au bâton simple contre un premier angle d'attaque et faire progresser l’élève angle par angle vers les 12 autres.
Après que le cinquième angle soit introduit, l'étudiant apprend les exercices de « sangga » à « patama », (Drill de réflexe de blocage et de contre) et « sumbrada » (Drill de 1 pour 1).
La deuxième méthode permet à l'étudiant d'apprendre de six à quinze défenses uniques, des blocages à mains nues et des techniques de désarmement (mains nues ou bâton) contre chacun des douze angles, ainsi que des exercices de réflexe.
Bien que les deux méthodes d'enseignement soient bonnes, la seconde semble être mieux adaptée à ceux qui ont déjà pratiqué un art martial dans le but de se défendre.
Après avoir promu un certain nombre de personnes au grade d'instructeur de base, le premier étant Dentoy Revillar, Angel Cabales a estimé que la structure de classement était nécessaire pour ses instructeurs ainsi que leurs étudiants. Il a donc fixé les rangs respectifs suivants :
- Pang-unang guro (instructeur novice)
- Pangalawang guro (instructeur avancé)
- Pangulong guro (maitre instructeur).
Lorsqu’il enseigna aux États-Unis, Angel Cabales avait littéralement des milliers d'élèves, dont beaucoup sont devenus plus tard des figures bien connues dans les arts martiaux.
Angel Cabales n’a certifié qu’une soixantaine d'individus au grade de « pangalawang guro » et seize personnes au grade de « pangulong guro ».
Il convient également de noter que les conditions requises pour atteindre ces niveaux ont changé au fil des années. Ainsi, les premiers instructeurs de l’école « Cabales Serrada » n’ayant pas suivi les évolutions du système dans les années 1990, n'ont pas profité de l'avancement du système de Cabales concernant les entraînements et l'application pratique.
Cependant, les bases restent les mêmes et c’est ce qui est le plus important dans tout art martial.